Sosa & Cie

Références : Actes Archives Départementales de Seine Maritime, de Charente Maritime.                           Estampes Naudy.                                                       Photos : Musée Clion sur Seudre, Site Toiture et Façade

Un petit clin d’oeil à mon arrière grand oncle pour ce généathème d’octobre 2023

Paris, le 12 août 1914.

Je me prénomme Henri, parisien de naissance mais d’une famille d’optants d’Alsace, comme beaucoup de jeunes hommes en ce mercredi, je suis appelé à servir ma patrie.

Je pars avec le 289^ème régiment d’infanterie. Sur le quai de la gare, je laisse mon épouse Julia et ma petite fille Cécile qui va avoir 7 ans. Regardez comme elle est adorable, elle a mes yeux bleux et quelques bouclettes blondes et sa maman n’a t elle pas l’ai coquin ?

Une ligne de front le 13 janvier 1915

Déjà 6 mois, dans cette foutue guerre et ce soir je pense à Julia. Et si nous faisions un petit frère ou une petite sœur à Cécile.

Retour sur terre, le haut commandement nous enjoint de reprendre cette cote 132, proche du village de Crouy. Village maintes fois bombardé, écrasé, aujourd’hui simple champs de ruines.

Après la guerre notre célèbre compagnon de troupe Henri Barbusse écrira : « Plus que les charges qui ressemblent à des revues, plus que les batailles visibles déployées comme des oriflammes, plus même que les corps à corps où l’on se démène en criant, cette guerre, c’est la fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue et l’ordure et l’infâme saleté. »

Je n’aurais, hélas pas l’occasion ni de le lire ni plus jamais d’embrasser mes chères et tendres amours.

Je suis sans aucun doute mort, comme 11000 soldats, au cours de ce massacre qui finira en débandade. Il est noté sur ma fiche matricule disparu le 14 janvier 1915 à Crouy….puis décès fixé au 14/01/1915 par jugement déclaratif du 30/04/1920.

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« Mère, mère…. j’ai obtenu mon certificat d’études primaire « 

« Oui Oui Cécile… C’est bien ». Aussi, je viens de recevoir ton dossier d’adoption par la nation lui répond Julia ; il va falloir penser à une formation maintenant.

Paris, le 15 février 1921

Je suis devenue sténo dactylo et je travaille chez Brouand Frères, une manufacture française d’articles de voyage.

Paris, le 23 août 1924

Mariage pluvieux mariage heureux…

Aujourd’hui j’épouse Lucien, son père est professeur à l’école BBoulle là où père et oncle ont étudié.

Mais père ne sera pas là. J’ai 16 ans, lui 22 ans. Il est artiste, dessinateur…

Il me fait voyager en France mais aussi en Algérie. Déjà à cette époque, je règle nos notes de frais.

Paris, 1927 

Le temps passe et Lucien devient indifférent à ma personne, voir même grossier.

Hier, il est allé jusqu’à me traiter de d’imbécile et de C…

Paris Mars 1933

Lucien n’a pas de travail et ne supportant plus cette vie, il décide de partir seul en Algérie. Il dit qu’il y trouvera une meilleure situation.

En attendant, je continue de régler ses dépenses.

Il fait bien quelques expositions de l’autre côté de la méditerranée. Par exemple, cette huile au couteau, il l’a présenté à l’exposition annuelle de la société libre des artistes algériens de 1936.

300 francs l’œuvre, elle est restée dans la famille…

Paris, début avril 1938

Ce jour, je prends ma plume pour demander à Lucien de revenir au domicile conjugal.

La réponse ne tarde pas, le 18, il m’écrit qu’il est dans ses projets de revenir.

Que nenni.

Paris, le 20 avril 1939

C’est décidé, ce n’est sûrement pas le bon moment, mais je n’y tiens plus de subvenir aux besoins de Lucien qui ne daigne même pas de revenir au domicile conjugal. Nous en sommes avec mère à une dépense de plus de 40 000 francs pour Monsieur. Alors, je fais appel à Maitre Gillet, avoué, pour rédiger une ordonnance de non conciliation.

Paris le 8 mai 1939

C’est une assignation en divorce au tribunal de 1^ère instance qui lui enjoint de comparaitre dans un mois devant le tribunal.

Mr Haas, huissier de justice qui lui remettra cette injonction via la gérante de l’hôtel de la poste à Alger.

Et puis le 3 septembre 1939

Et là, plus de nouvelle. Ma société vient de déménager sur Carcassone et je dois suivre. En 1940, je tente de retrouver la trace de Lucien. C’est le colonel Dumont commandant des troupes de Tunisie qui en 1941 m’indique que Lucien a été libéré des obligations militaires et s’est retiré de nouveau à Alger.

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Pendant ce temps-là en France

Le 11 juillet 1940, dans un discours, le Maréchal Pétain, annonce la prochaine réforme de la politique familiale et la réforme du divorce

« Les familles françaises …..ont le devoir de maintenir, à travers les générations, les antiques vertus qui font les peuples forts. Les disciplines familiales seront sauvegardées » 

Par la loi du 2/04/1941 Vichy marginalise le divorce qui représente l’échec du couple l’apparentant à celui de la France.

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Paris, le 1^er juillet 1941

Au nom du peuple Français, le tribunal civil de 1^ère instance en sa 3ème chambre 1^ère section : « renvoi la cause à 6 mois …. Une réconciliation entre les époux n’étant pas radicalement impossible ».

Ce jour-là, je ne verrai pas Lucien resté en Algérie.

En cette fin d’année 1944, je rentre à Paris et revois Maitre Gillet qui me propose de relancer une assignation pour l’exécution du jugement, le délai de 6 mois ….étant passé …sans réconciliation…

C’est Mr Agnus, huissier, qui remettra celle-ci à Lucien résidant toujours à Alger.

Paris, le 17 janvier 1946

Alors que Lucien est de retour en France et qu’il loge chez sa mère, le tribunal 1^ère instance 19^ème chambre prononce… enfin…notre divorce.

Cécile ne se remariera jamais ni n’aura d’enfant. Ce fut une belle personne.

Fan de power point, et de ces contenus interactifs, je me pose sur Génialy.

Première étape : la prise en main, pas trop compliquée.

Deuxième étape : la bascule du travail dans wordpress, et là ?????!!!! 😁 Pas le temps nécessaire pour résoudre cette énigme.

Va donc pour un power point non interactif et une frise de chez chronofrise pour partager quelques recherches généalogiques.

Bonne lecture.

Sources pour aller plus loin : site liturgie et sacrements et Bibliothèque diocésaine de Nancy

Voici ma petite collection de missels romains d’avant 1969 :

Et voici le petit bijou avec sa table du temps et des fêtes entre 1857 et 1868 ;

Depuis le milieu du 19^ème siècle, le missel devient le cadeau de première communion dans lequel on accumule les cartes images souvenirs des communions des camarades de catéchisme.

Pour finir voici l’une d’entre elles : véritable dentelle de papier.

J’ai beau chercher, pas de calendrier révolutionnaire au-dessus de la
cheminée, pas non plus d’ancêtre au doux prénom de topinambour ou
rhubarbe ni dans les actes d’état civil des communes afférentes…
Mais à remonter dans les différentes branches à tenter de les
contextualiser cela donne parfois de petits sourires ou de jolies émotions.
Je suis donc partie de ces mariages de la première république qui m’ont
donnés une place dans ce 21ème siècle. 5 mariages aux 3 grands coins de
France qui aux dates données ont croisé de joyeux ou tristes évènements
de la grande ou moyenne histoire.

Le dix-neuvième jour du mois de Germinal an II, Jean Baptiste IDOT et Marie Madeleine CARON convolent en justes noces dans un petit village de l’Oise, Bonnières. Ils sont jeunes, 19 et 20 ans. Lui, est, pour l’instant manouvrier et deviendra rigoleur. Ils auront 9 enfants, Marie Madeleine ne survivra pas à la naissance du dernier, Pierre François, grand (!) révolutionnaire de 1832. 

A l’autre bout de France, Elizabeth Coste est guillotinée. On ne plaisante pas avec la fabrication de galettes. En ces temps de disette sur la région de Montpellier, il est interdit de fabriquer des pains à base de fleur de farine. Or, elle est accusée de s’être accaparée celle-ci… dans le but « d’affamer le peuple et de créer une disette factice propre à faire regretter l’Ancien Régime et à amener des mouvements séditieux ». Elizabeth avait déjà été condamnée pour avoir, dans un tract, utilisé le mot de royaume et non de république…. 

Pour aller plus loin… D’un rouge incomparable – V.Chouraqui 

Le 18 germinal an III, la France adopte le système métrique pour remplacer les unités locales. Le même jour François Joseph DANGEL épouse Brigitte EBERHARD en secondes noces en Alsace. Noces durant lesquelles ils ont sûrement consommés quelques mesures, soit 64 pintes de Paris, représentant 2 chopines, qui en système métrique équivaudront à un peu moins d’un litre. Un petit écart de trente ans les sépare, ils auront 5 enfants avant le décès de François. 

Lui, BRUNI Jean Baptiste Tranquile est sabotier, elle, AUVRAY Marie est fileuse, ils se prennent mutuellement pour époux le 2 ventôse an VI à Ocqueville en Normandie. Un peu hors des traditions il a 18 ans, elle 27. Qu’en penserait notre sainteté le Pape Pie XI, 80 ans, qui ce jour là est arraché de son palais par les commissaires du Directoire. Amené à quitter Rome, il est escorté par les dragons français, pendant 18 mois de « bourgade en bourgade comme un ennemi du bien public et un vil malfaiteur » comme l’évoque le journal La Croix du 18 juillet 1899. 

Pour aller plus loin…. Le Boudoir de Marie-Antoinette https://maria-antonia.forumactif.com 

La légende veut que pour combler ses moments d’ennui, Charles VII imagine un jeu : le jeu de carte français. Le 19 floréal an VI, un arrêté du gouvernement impose aux maires, adjoints, commissaires et officiers publics de police, l’obligation de concourrir à la recherche des fabricateurs et des ventes clandestines de cartes et à leur saisie. Les cartes à jouer sont alors assujettis à un droit de timbre. 

Ce même jour, à Bouquetot dans l’Eure, AYET Jacques, 44 ans, prend pour femme MUSTEL Marie, 32 ans. Quatre ans plus tard, il auront des jumeaux Denis et Louis. 

 Le 30 pluviôse an VIII, HEITZ André devient l’époux de MULLER Hélène. Le mariage se déroule à Lauterbourg en milieu d’après midi. Quelques heures plus tard, à 60 kilomètres, brûle le théatre de Strasbourg. Auparavant, se jouait à grand spectacle et feu d’artifice : le Petit Poucet. 

Pour aller plus loin… Histoire des Théâtres et des Pompiers https://www.pourkoipas.fr

Enfin connaissez-vous l’an LXXIX soit 79 ? Au cours de cette année notre fils révolutionnaire de 1832, issu du mariage évoqué en début d’article, perd son épouse. Le 8 floréal an 79 à Paris, Désirée Hyacinthe Rousseau décède à l’âge de 48 ans, elle sera inhumée au cimetière de Charonne dans une tranchée gratuite.

En 1871, la commune de Paris décide de reprendre le calendrier révolutionnaire qui sera abandonné suite à la répression sanglante de celle-ci fin mai 1871.

Avec le généathème de Juin, je vais ouvrir, au sens propre comme au figuré, un album de famille reçu en héritage. Celui de la famille Moussé, vignerons Picards, venue augmenter la population parisienne de la fin du 19^ème siècle.

N’étant pas de ligne directe, je n’avais pas porté attention à cette famille parisienne dotée de 7 enfants dont 4 enfants entrent dans le thème, enfants hors mariage de différentes façons.

Pour les 3 autres, 1 décès en bas âge, 1 naissance après un peu moins de 8 mois du mariage et 1 garçon qui a bien voulu suivre les conventions !

Trêve de discours, voici l’album ! Après quelques recherches, je dirais qu’il date des années 1900-1920.

Peu de photos à l’intérieur… Mais d’abord, parcourons ensemble la conception ou l’arrivée de ces enfants hors mariage.

Maintenant, je laisse votre imagination associée les figures aux personnages évoqués avec les quelques photos de ce superbe album de la Famille Moussé…

Pour aller plus loin : pourquoi ce titre de « famille finalement conventionnelle » ?

Dans la réalité du quotidien de la fin du 19ème siècle, ces naissances hors mariage sont assez courantes. Elles représentent 25 à 33% des naissances sur la capitale.

Deux cas de figures principalement, les fille-mère et les couples en concubinage. Le dernier cas étant majoritaire à la fin de ce siècle, de part l’évolution du statut du père qui épouse la mère et légitime l’enfant, d’une augmentation des avortements, ainsi qu’une meilleure acceptation du concubinage face à un détachement des valeurs catholiques.

Si le sujet vous passionne, je vous conseille la lecture de l’article duquel j’ai tiré graphique et information : Sandra Brée, « Incidence de la fécondité illégitime sur la fécondité générale à Paris au XIX^ème siècle », Espace populations sociétés.